DOCTORAT

Soutenance de thèse Arnaud AMILIEN


Infos

Dates
Le 28 mars 2024
Lieu
Université de Liège
Salle comodale (ex - Salle Moyen Physique)
Bât. A1
Horaires
14h

« L’appropriation de la poésie homérique dans l’œuvre d’Hérodote au service de ses finalités morales : L’exemple de l’impérialisme perse »

Résumé 

On s’est beaucoup interrogé sur les éventuels messages moraux et politiques qu’Hérodote entendait délivrer à ses contemporains par son Enquête. Les spécialistes ont en particulier débattu sur le regard que le Père de l’histoire portait sur l’impérialisme athénien. J’ai souhaité étudier la question sous un nouvel angle, en combinant narratologie et intertextualité : pour tenter de cerner les intentions de l’auteur, il me semblait intéressant d’observer la façon dont ce dernier met en scène ses personnages et leurs actes, notamment en décrivant des situations susceptibles d’évoquer les poèmes homériques.

En effet, jouer sur l’intertextualité permettrait d’orienter la façon dont un public familiarisé avec l’Iliade et l’Odyssée allait percevoir les faits racontés. À titre d’exemple, un Léonidas rappelant les héros d’Homère avait de fortes chances d’être considéré comme un modèle d’héroïsme par le lecteur ou auditeur contemporain. À l’inverse, faire d’un personnage une parodie d’Achille amènerait le Père de l’histoire à battre en brèche certaines conceptions de l’héroïsme et à inciter les destinataires de son œuvre à en faire autant. Pour tenter de comprendre quels messages l’Enquête destinerait à l’Empire athénien en particulier, j’ai choisi de me centrer sur l’expansion de la Perse qui pourrait lui servir de miroir.

En articulant un travail d’épistémologie et d’analyse du discours, notre étude cherche à rendre compte des tensions internes à la manière de faire science de trois linguistes français, entre 1960 et 1980 : Antoine Culioli, Michel Pêcheux et Jean-Claude Milner. Pour ces auteurs, tout l’enjeu d’une démarche scientifique réside dans la capacité à représenter et, idéalement, à représenter mathématiquement, les phénomènes observés. Or, le réel de la langue résiste, précisément, à toute forme de représentation mathématique.

En considérant les modalités énonciatives, sémiotiques, rhétoriques ou encore éditoriales de leurs travaux, notre recherche met en lumière la manière dont ces trois auteurs, chacun à sa manière, ont cherché à faire science en linguistique malgré ou avec cette impossibilité représentationnelle, et sans jamais renoncer à décrire ce réel de la langue, c’est-à-dire ce que la langue a de social, d’historique, d’humain.

Cette conflictualité fondamentale entre un idéal de scientificité galiléen, qui repose sur une mathématisation du réel, et une vision du monde selon laquelle la langue et le symbolique, dans ce qu’ils ont de social et d’anthropologique, sont intrinsèquement équivoques, traverse la linguistique. En identifiant cette conflictualité, notre travail questionne tant l’épistémologie linguistique que nos pratiques scientifiques et invite à une approche critique de la langue et du discours.

 

Jury de la soutenance : Monsieur Marc-Antoine Gavray (Président), Monsieur Koen Vanhaegendoren (Promoteur et Secrétaire), Madame Typhaine Haziza (Maîtresse de conférences, Université de Caen), Madame Monique Mund-Dopchie (Professeure ordinaire émérite, Université catholique de Louvain), Monsieur Bruno Rochette

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