Ralph Dekoninck est aujourd'hui l'un des spécialistes les plus actifs et les plus talentueux du domaine ouvert des cultures visuelles. Son aptitude à tisser solidement des liens entre les disciplines (histoire, histoire de l’art, histoire des religions, histoire des littératures, philosophie, esthétique, sémiotique) et à réunir les spécialistes de ces domaines constitue un argument majeur pour soutenir sa candidature à une chaire Francqui dans une Faculté de Philosophie et Lettres.
Ralph Dekoninck est d’abord un historien de l’art, spécialiste de l’art baroque, reconnu non seulement dans les pays francophones, mais aussi au sein des communautés internationales de langue et de culture anglophones. Cette compétence porte évidemment sur les œuvres et les objets d’art eux-mêmes, mais elle s’étend également aux contextes religieux et érudits qui encadrent la production de ces œuvres, ainsi que leur réception. En ce sens, il dialogue depuis le début de sa carrière non seulement avec les historien·nes de l’art, mais également avec les chercheurs et chercheuses en sciences des religions et singulièrement en histoire des religions. Avec ces derniers, il cherche à comprendre les motivations — théologiques, spirituelles, savantes — de la production des œuvres dévotionnelles ainsi que leur effet sur le fidèle et sur la communauté tout entière. Si les statuts, les fonctions et les usages des images produites au sein de la Compagnie de Jésus constituent le socle de ses recherches et de ses enseignements, ses contributions portent en réalité plus globalement non seulement sur les rapports entre art et religion, mais également sur les rapports entre image et texte.
Son travail est en effet aussi dédié aux correspondances entre les arts et les lettres, autrement dit entre à ce que l’on appelle souvent la relation entre l’image et le mot. Cet intérêt accru pour des questions de traduction et de traductibilité entre langages différents fait de lui un interlocuteur privilégié des sémioticien·nes et des chercheurs et chercheuses qui abordent les arts visuels du point de vue des sciences du langage. Ses analyses d’œuvres ou de petits corpus d’images rassemblées par des affinités variées (séries, ressemblances par contraste, par négation, etc.) montrent une attention très fine au langage visuel, notamment dans la perspective de la généalogie des formes.
C’est ainsi qu’il a tissé pendant toute sa carrière un rapport privilégié avec les littéraires, en particulier avec les spécialistes de littérature emblématique et spirituelle, surtout jésuite, qu’il étudie en relation avec les manifestations artistiques dans les arts visuels, en explorant aussi le problème du diagramme (et de la pensée diagrammatique), objet de recherche particulièrement épineux et interdisciplinaire. Enfin, Ralph Dekoninck démontre un goût prononcé pour la théorie et l’épistémologie, qui lui permet d’aborder des questions fondamentales concernant la définition de l’image, la complexité de tout acte perceptif de l’image, et le travail, toujours à renouveler, pour sa conservation et pour la conservation de son sens originel. Le fort intérêt que M. Dekoninck porte également au statut de l’art dans la société rend possible un travail étroit avec les philosophes, et notamment les spécialistes d’esthétique.